Appel à communication

 

    

 

Appel à communication – colloque international

Paris, 20-21 mai 2015

Des Nord(s) vers les Sud(s) : Etat de la recherche sur les mobilités

 

 

Le programme Emergences, Mobilités Nord-Sud : les nouvelles mobilités migratoires de l’Europe vers le Maghreb, porté par le Centre d’Analyse et d’Intervention Sociologiques (CADIS) de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, organise un colloque international les 3 et 4 juin 2015, à Paris sur la question des mobilités contemporaines des Nord (s) vers les Sud (s).

 

L’étude des migrations a été longtemps dominée par la figure emblématique du travailleur immigré, dont la migration résultait d’un appel de main-d’œuvre contrôlée par les États ou du fonctionnement même des communautés immigrées. Dès la fin des années 80, de plus en plus de recherches revisitent cette lecture bâtie sur une approche push-pull, en s’ouvrant par exemple aux migrations féminines et en discutant les liens transnationaux et diasporiques qui se créent en migration. Plus récemment, des travaux ont renouvelé le débat, en appréhendant le migrant à travers le paradigme de la mobilité, de l’entreprenariat et de la circulation.

 

Le foisonnement d’études sur les migrations, en faisant émerger de nouvelles thématiques et en s’intéressant à de nouvelles figures, a permis de rendre compte de leurs profondes transformations ces trente dernières années. Les changements de perspective analytique ont notamment participé à revoir la conception classique de la condition migratoire et ses approches théoriques. Toutefois, si la socio-anthropologie des mobilités a intégré les dynamiques transnationales, circulatoires ou alternantes, elle a continué à se concentrer sur les mouvements Sud-Nord et plus récemment Sud-Sud.

 

Force est de constater que les migrations du Nord vers le Sud sont globalement négligées alors qu’elles prennent de plus en plus d’ampleur, comme le montrent les tourist studies intégrant depuis longtemps les dynamiques de poly-résidence. Tandis que certaines mobilités touristiques peuvent être assimilés à des mobilités migratoires (retraités, polyrésidentialité), l’installation de ressortissants des pays du Nord vers ceux du Sud (des Européens vers le Maghreb par exemple), prend aujourd’hui des formes de plus en plus variées et s’incarne dans des figures très diverses. Ainsi, les catégories pour appréhender ces flux – telles celles de l’expatriation, du tourisme ou encore du retour – ne permettent plus de restituer l’articulation complexe des trajectoires et la variance des profils.

 

Attentif à ces « nouveaux » phénomènes de mobilités, ce colloque interdisciplinaire « Des Nord (s) vers les Sud (s) : Etat de la recherche sur les mobilités », a pour ambition de contribuer à renouveler la réflexion sur les situations migratoires en renversant la distinction canonique qui fait des pays du Nord des pays d’immigration et ceux du Sud des pays d’émigration. En appréhendant les flux Nord-Sud comme des flux migratoires au même titre que les autres, cette rencontre propose notamment de questionner les catégories analytiques jusqu’à présent mobilisées pour définir ces déplacements. Le dialogue entre des chercheurs issus de disciplines différentes (histoire, sociologie, anthropologie, sciences politiques, géographie, droit, tourist studies), qu’elle souhaite encourager sera l’occasion de dresser un état des recherches sur les mobilités Nord-Sud et de favoriser les passerelles et les échanges entre différentes traditions de pensées.

 

Le colloque se structure autour de cinq axes principaux, non exclusifs : les figures, les trajectoires, les réseaux et les pratiques de la mobilité Nord-Sud ; les impacts de la mobilité Nord-Sud ; les représentations ; les ruptures et continuités historiques, les perspectives théoriques.

 

De manière transversale, une attention particulière sera portée aux notions de « Nord (s) » et « Sud (s) » ainsi qu’aux dimensions de genre et de génération.

 

-          Figures, trajectoires, réseaux et pratiques de la mobilité

Cet axe du colloque s’attache à recenser, sans prétention d’exhaustivité, les figures de la  mobilité Nord-Sud en Méditerranée, ainsi qu’à en décrire les trajectoires et les pratiques de mobilité. Quels sont les facteurs déclenchant une installation dans un pays du Sud ? Comment les acteurs se positionnent-ils dans le contexte local, national et global ? Quel récit mobilitaire développent-ils ? Quelles sont les logiques à l’œuvre ? Quelles relations construisent-t-il entre eux et avec les sociétés locales ?

 

-          Impacts de la mobilité Nord-Sud

Comme tout phénomène social, les mobilités en provenance du Nord affectent les sociétés concernées en modifient le tissu social ainsi que les relations inter, voire transnationales. Ce volet s’interroge dès lors sur les transformations produites au niveau social, territorial, professionnel, culturel, familial.

 

-          Représentations et imaginaires

Le troisième axe porte sur les imaginaires associés aux mobilités Nord-Sud, et au tourisme, sur leur production et sur leur circulation. Comment les pays émetteurs, les pays récepteurs et les acteurs eux-mêmes se représentent-ils ces mobilités ? Est-ce que, et le cas échéant par quel biais, les encouragent-ils ? Quelles sont les « stratégies marketing » mobilisées pour promouvoir les déplacements vers l’autre rive de la Méditerranée ? Quels rôles jouent les imaginaires touristiques dans ces mobilités ?

 

-          Ruptures et continuités historiques

L’un des présupposés les plus courants consiste à penser les mobilités du Nord vers le Sud comme une continuité du phénomène colonial. Qu’en est-il des ruptures et continuités avec cette histoire ? Comment les acteurs sociaux de ces nouvelles migrations investissent-ils cette histoire : distance, amnésie, critique, prolongement ?

 

-          Perspectives théoriques

 

Nous sommes particulièrement attentifs aux perspectives théoriques que l’étude des mobilités Nord (s) / Sud (s) est susceptible de dégager tant au sujet des migrations que d’une réflexion, plus générale, sur les frontières, l’Etat-Nation, la construction de nouveaux espaces sociaux (espace méditerranéen par exemple) ainsi que le transnationalisme.

 

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